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      Mosquée des Bleuets à Marseille : quand la justice française capitule face à l’islamisme

      Alors que la préfecture des Bouches-du-Rhône avait ordonné la fermeture temporaire de la mosquée des Bleuets à Marseille pour apologie du djihad et discours appelant à l’instauration de la charia, la justice administrative a décidé de suspendre cette mesure au nom de la liberté de culte. Ce jugement, loin d’être un cas isolé, interroge sur la volonté de certains juges de protéger l’ordre public face aux menaces idéologiques et communautaires. Cette affaire s’ajoute à une longue liste de décisions où la Justice semble désarmée et complaisante face à des dérives islamistes.

      Une décision symptomatique d’un système à bout de souffle

      Le 6 octobre 2025, la préfecture des Bouches-du-Rhône annonçait la fermeture administrative pour deux mois de la mosquée des Bleuets, située dans le 13ᵉ arrondissement de Marseille1. Motif invoqué : les prêches de l’imam en place, accusé de légitimer le djihad armé, de discréditer les lois de la République et d’appeler à l’instauration de la charia sur le territoire national. La mosquée aurait, selon les éléments du dossier, relayé des messages de nature fondamentaliste, notamment par le biais de publications en ligne et de prêches hostiles à l’Occident et à ses valeurs.

      Pourtant, quelques jours plus tard, cette décision a été suspendue par le juge des référés du tribunal administratif de Marseille2. Saisi en urgence par l’avocat de la mosquée, Me Guez Guez (connu pour sa spécialisation dans la défense des intérêts d’organisations communautaires musulmanes), le juge a estimé que la fermeture portait une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de culte. L’argument de la liberté religieuse a ainsi prévalu sans que ne soient réellement discutées en profondeur la nature des discours tenus ni leur dangerosité avérée pour la sécurité intérieure.

      Ce cas révèle une dynamique préoccupante : la judiciarisation à outrance de la question sécuritaire où la procédure administrative, au nom de principes abstraits, finit par neutraliser toute tentative de prévention efficace. L’on peut s’interroger sur la hiérarchie des normes et des intérêts lorsque la liberté d’expression d’un imam prônant des thèses radicales l’emporte sur le droit fondamental des citoyens à la sécurité.

      L’ombre portée de précédents tout aussi édifiants

      L’affaire de la mosquée des Bleuets ne fait que prolonger une séquence juridique déjà bien documentée. 

      En 2022, c’est la mosquée de Pessac (Gironde) qui, après avoir été ciblée par une fermeture administrative pour des motifs similaires à ceux de la mosquée des Bleuets, avait vu sa fermeture levée par le tribunal administratif de Bordeaux puis confirmée par le Conseil d’Etat3 malgré des éléments probants sur la diffusion de contenus appelant à la haine et au rejet de l’Occident.

      Il y a quelques mois en avril 2025, la fermeture du lycée confessionnel musulman Averroès à Lille, accusé de promouvoir une pédagogie islamiste et de dispenser un enseignement hostile aux valeurs républicaines, avait également été annulée en référé4

      Chaque fois, les juridictions administratives semblent appliquer un raisonnement en silos : l’intérêt de l’ordre public est relativisé, dès lors que la liberté religieuse ou associative, concernant la communauté musulmane, est invoquée, même lorsque les autorités de l’État disposent d’éléments tangibles sur la nocivité des discours diffusés.

      Une lecture trop formaliste des libertés fondamentales

      Ces affaires posent la question de la manière dont la justice française appréhende les libertés fondamentales, notamment la liberté de culte, dans un contexte où certains discours religieux se muent en vecteurs idéologiques radicaux. Le droit administratif, tel qu’il est interprété aujourd’hui par de nombreux magistrats, reste enfermé dans une lecture formaliste et désincarnée des textes.

      Or, comme l’a rappelé la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République (dite « loi séparatisme »), l’exercice d’une liberté ne saurait se faire en contradiction avec les principes républicains. La fermeture administrative d’un lieu de culte est précisément encadrée par le Code de la sécurité intérieure (art. L. 227-1) qui permet une telle mesure en cas de propos incitant à la haine, à la violence ou à la commission d’actes terroristes.

      Quand bien même ces textes existent, leur application semble systématiquement soumise à l’interprétation d’un juge parfois plus soucieux d’éviter le « risque d’islamophobie » que de prévenir la menace sécuritaire. Ce déséquilibre de traitement aboutit à une situation ubuesque où la liberté de ceux qui prônent la haine est mieux protégée que celle de la majorité silencieuse qui aspire à vivre en paix dans le respect des lois de la République. Un tel jugement, à Marseille, pratiquement huit ans jours pour jour après l’attentat islamiste de 2017 ayant causé la mort de deux cousines, laisse perplexe.

      Vers une réforme impérative de l’office du juge administratif

      Il est crucial de repenser l’office du juge administratif dans ce type de contentieux. L’analyse du risque pour l’ordre public ne peut rester cantonnée à un raisonnement binaire entre liberté de culte et mesure de police. Elle doit intégrer la réalité contemporaine des menaces, en particulier l’islamisme radical et les enjeux de sécurité qu’elles posent.

      La jurisprudence actuelle, en refusant de reconnaître cette réalité au nom d’un juridisme parfois déconnecté du terrain, désarme l’État face à ceux qui instrumentalisent les libertés pour mieux les détruire. À terme, ce désarmement judiciaire mine la confiance des citoyens dans l’institution même censée les protéger. Car ce n’est pas seulement la responsabilité des préfets qui est en jeu mais bien celle des juges appelés à rendre justice « au nom du peuple français ».

      Une fois encore, l’affaire de la mosquée des Bleuets illustre les limites d’un système juridictionnel qui, sous couvert de protection des droits fondamentaux, finit par légitimer l’existence de foyers de radicalisation sur le territoire. Il est urgent de revaloriser les impératifs de sécurité collective, de remettre l’intérêt général au cœur de l’office du juge et de questionner les ressorts idéologiques qui animent certaines décisions. Car une justice qui protège ceux qui prêchent contre elle devient complice, par inaction, de sa propre fragilisation.

      1. https://opendata.justice-administrative.fr/recherche/shareFile/TA13/ORTA_2306375_20251006 ↩︎
      2. https://marseille.tribunal-administratif.fr/decisions-de-justice/dernieres-decisions/le-tribunal-suspend-l-execution-la-decision-du-prefet-des-bouches-du-rhone-prononcant-la-fermeture-de-la-mosquee-des-bleuets ↩︎
      3. https://www.sudouest.fr/justice/mosquee-de-pessac-le-conseil-d-etat-a-tranche-la-mosquee-pourra-rester-ouverte-10735799.php ↩︎
      4. https://lille.tribunal-administratif.fr/decisions-de-justice/dernieres-decisions/le-tribunal-annule-la-decision-mettant-fin-a-l-association-entre-l-etat-et-le-lycee-prive-averroes ↩︎
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      Martin Lacombe

      Martin Lacombe est diplômé d’un master de droit public et accompagne depuis plus de 10 ans des élus en exercice au sein de différentes institutions. L’environnement professionnel dans lequel il évolue exige de lui un suivi permanent des liens entre justice, politiques publiques et impératifs démocratiques. Ses connaissances du monde politique et de ses arcanes lui permettent d’apporter un regard approfondi et objectif sur les grands enjeux juridiques actuels.

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